Nord Lozère, Margeride, sources de l’Allier, les communes de La Bastide Puylaurent, Cheylard l’Evêque, Luc et Chasseradès ont demandé à être classées en Zone de Développement Eolien. Une ZDE est un outil administratif qui crée les conditions de la concentration d’éoliennes sur des zones exclusives. 32 aérogénérateurs industriels de 100m de haut (avec des pales de 30m) doivent être installés sur le massif de la Gardille, déjà balafré par une clôture de plusieurs dizaines de kilomètres de long.

Le scénario d’artificialisation de ce paysage se poursuivra par l’ouverture de larges voies pour acheminer les matériaux et accéder à chaque éolienne, un nivellement du sol pour installer et faire circuler une grue de 150 tonnes, le passage de 50 camions-toupie par éolienne pour couler un socle de béton ferraillé d’environ mille tonnes par machine et encore la creusée d’une énorme tranchée pour enterrer le câble... Les conséquences dévastatrices pour la faune, la flore, les sources et les usages actuels du site (cueillettes, promenades...) deviendront dès lors inévitables...

Le projet d’aménagement du parc éolien du Moure de la Gardille s’inscrit dans une politique visant, selon le Conseil Général, à faire de la Lozère un département « 100% énergies renouvelables », dans l’objectif des 20% d’énergies renouvelables fixé pour 2020 au niveau européen. Une fois de plus, des sacrifices irréversibles sont faits sur l’autel du sacro-saint développement économique, qui se sert du maquillage écologique pour labelliser ses aménagements, poussant encore plus loin l’occupation et l’exploitation du territoire par le capital. L’éolien industriel sert d’alibi à une politique visant à produire toujours plus pour satisfaire les besoins du monde marchand. Il ne se substitue en aucun cas aux autres sources d’énergies : on a et on aura le nucléaire, le thermique, l’éolien... La production énergétique continue de s’accroître, favorisée par des « besoins » toujours plus aberrants (du réverbère dans le hameau en pleine montagne à l’escalator du nouvel hypermarché en passant par le canon à neige ou l’air climatisé), par le développement incessant d’industries de « nouvelles technologies »... En parallèle, les ventes de la surproduction sont elles aussi en hausse puisque les politiques actuelles vont clairement dans ce sens. Des lignes à haute tension à travers les montagnes et sous les océans achemineront les flux énergétiques pour alimenter les populations des pays rendus dépendants par l’achat de matières premières et l’ouverture du marché de l’énergie en contre-partie... Le projet d’union euro-méditerranéenne s’inscrit pleinement dans cette logique et vise à en accélérer le processus.

Les énergies renouvelables sont un de ces nouveaux marchés, une de ces nouvelles industries de masse soutenues par un financement public exorbitant, un cadeau de plus fait aux investisseurs, au détriment des espaces qui nous font vivre.
Les bulldozers spéculateurs détruisent ce qui nous entoure à coups de décharges, de terrains de golf ou de chasse privée, d’autoroutes, d’infrastructures touristiques, de viaducs, de parcs de loisirs, de centrales électriques renouvelables ou non... Face à eux nous devons mener un combat qui dépasse le cadre écocitoyenniste local et qui s’intègre dans une dynamique de refus de la mainmise des industries et de l’Etat sur nos quotidiens, nos paysages et nos révoltes.

Ce système mortifère ne nous permet pas de changer notre rapport à l’énergie. Ce n’est que quand nous aurons fait tomber le vieux monde que nous pourrons mettre en oeuvre des solutions pour nous passer au maximum de l’électricité et imaginer comment la produire loin des sphères industrielles. Pour l’heure, nulle autonomie électrique n’est possible loin d’EDF et des développeurs durables ou en tout cas pas sans heurt...
Des habitant-e-s, voisin-e-s et usagers du Moure de la Gardille, s’organisent pour tenter de contrer l’installation des aérogénérateurs, rejoignons leur opposition et donnons-nous les moyens de faire en sorte que cela ne se solde pas par un deal avec les élus pour qu’au final le massacre ne se fasse pas ici mais ailleurs...

A proximité du plateau de l’Aubrac, un autre projet d’installation d’éoliennes industrielles est en cours d’élaboration, sur la commune de La Fage-Montivernoux (plus de 1000m d’altitude)... Un appel d’offres concernant l’installation d’une unité industrielle de production énergétique à partir de bois (biomasse) sur le causse d’Auge (Mende) a été remporté par « Bio énergie Lozère », société dirigée par M. Engelvin, richissime patron de la sylviculture en Lozère...

Soufflons une rafale de révolte sur ceux qui tentent de bétonner et de vendre nos existences ! Finissons-en avec cette société du nucléaire et de l’éolien industriel ! Que crève le vieux monde et sa modernité artificielle !

« (...) certains Lozériens paraissent indifférents au caractère exceptionnel de nos paysages. Ils semblent prêts à les sacrifier pour accéder à une prétendue modernité et être enfin "comme les autres". Fascinés, ils perdent de vue que dans ce domaine, ne pas répondre au chantage à la modernité c’est se mettre à l’abri de destructions inutiles. (...) Le paysage est le support de nos rêves. Pourrons-nous encore rêver devant des paysages défigurés et uniformes du sud de l’Espagne au nord du Danemark ? »
(extrait du « Manifeste de la Gardille »)